mercredi 21 septembre 2011

Virons les roms!

Hier soir, dans Au cœur de l’info sur La Première, Arnaud Ruyssen recevait Cécile Jodogne, bourgmestre ff de Schaerbeek, à propos des roms expulsés de la gare du nord à Bruxelles. Une interview qui sentait ‘‘bon’’ le «c’est pas ma faute, c’est pas moi».

Mme Jodogne expliquait qu’elle avait averti préalablement les familles romes concernées de leur expulsion de la station. A la question du journaliste qui lui demandait quelles étaient les raisons qui l’avaient poussée à prendre une telle décision, elle a répondu que, sur base de rapports qu’elle avait reçus, elle avait estimé que la situation sanitaire et d’insalubrité avait atteint un tel point qu’il n’était plus possible de laisser ces familles là où elles étaient. Certes. Mais comme l’a très justement fait remarquer Arnaud Ruyssen, ces gens ne se trouvent-ils pas désormais dans une situation bien pire qu’auparavant ? Obligés de dormir dehors, sans toilettes, ni éviers? Mme Jodogne a admis qu’effectivement ce n’est pas beaucoup mieux mais qu’il n’y a pas d’autre solution pour l’instant. Dans ce cas, n’aurait-il pas été plus judicieux d’autoriser ces familles à rester dans la gare tant qu’une autre alternative ne se présentait pas pour les accueillir ? C’est bien beau de décréter qu’une situation est devenue intenable, mais si c’est pour imposer à ces gens des conditions pires que celles dans lesquelles ils vivaient je ne vois pas très bien l’intérêt…On parle beaucoup dans cette affaire des différents niveaux de pouvoir qui se renvoient la balle, mais Mme Jodogne a été, à mon sens, la première à la renvoyer…Aux familles elles-mêmes ! Elle a décidé que ces gens ne pouvaient pas vivre dans ces conditions et les a expulsés presqu’en leur disant de se débrouiller par eux-mêmes ! Est-elle seulement allée à la rencontre des roms lorsqu’ils vivaient dans la gare ? On l’a entendue dire qu’elle avait pris sa décision sur base de rapports, mais on ne l’a pas entendue dire qu’elle avait été sur place. C’est facile de prendre des décisions sur les conditions dans lesquelles devraient vivre des gens, bien à l’abri dans son bureau. Mais c’est relativement hypocrite et présomptueux. Qu’est-ce que ça pouvait lui faire d’attendre quelques semaines de plus, le temps de trouver une solution adéquate, au lieu de les jeter à la rue comme ça ?

Cécile Jodogne n’était pas la seule à répondre aux questions d’Arnaud Ruyssen. Fred Mawé, directrice du CIRE (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers) était également présente. Et apparemment très scandalisée par la situation actuelle. Parmi les paroles échangées durant l’interview, certains propos étaient particulièrement choquants. Ainsi ces roms expulsés de la gare du nord sont des ressortissants européens et donc à ce titre ont le droit de demander l’asile. En revanche ils n’ont pas celui de recevoir l’aide matérielle d’accueil. C’est dans la loi. Une nouvelle manifestation du manque de logique et de cohérence de la Belgique. En clair, ces gens sont desservis, défavorisés parce qu’ils sont européens ! Ah elle est belle l’Europe ! C’est quand même un paradoxe ridicule de dire que des gens peuvent demander l’asile mais ne peuvent pas obtenir une aide de base…

Mais comme on l’a entendu hier : « Ils peuvent s’estimer heureux, ils peuvent déjà demander l’asile ». C’est vrai ça, quelle bande d’ingrats, ils pourraient au moins applaudir à ce droit qu’on leur laisse. Le problème c’est qu’ils ont leurs bagages et sacs de couchage en main donc ils peuvent difficilement acclamer la générosité belge et le travail de la bourgmestre…C’est sympa, ils ont le droit de circuler librement en Europe mais ils doivent pour cela avoir les moyens de s’installer. Oui mais si on ne leur laisse pas la possibilité de s’installer justement ça complique les choses. Rappelons quand même que ces gens ont techniquement le droit d’inscrire leurs enfants à l’école par exemple, mais sans domicile fixe et en devant changer d’endroit chaque semaine il paraît difficile d’assurer à l’enfant une scolarité adéquate. Et puis il faut penser que si ces gens ont quitté leur pays d’origine c’est qu’il y avait une raison. Les roms sont discriminés chez eux, leur intégration est freinée, parfois par le gouvernement même du pays dans lequel ils vivent. Si même dans leurs pays ils n’ont pas les moyens de vivre correctement il faut bien se dire qu’ici ce sera encore pire…Donc demander à ces gens de ‘‘s’ancrer’’ dans la société belge alors qu’ils n’ont même pas de quoi s’acheter à manger pour la semaine semble relativement incohérent.

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