dimanche 11 septembre 2011

Sexe et pouvoir

Le reportage diffusé dans Questions à la Une le mercredi 07 septembre continue à faire débat. Honte à moi je ne l’avais pas vu. J’ai donc profité de la fonction ‘‘vidéo à la demande’’ de mon décodeur (merci la télé numérique) pour revoir tout ça. Moi qui suis un brin féministe sur les bords, je ne pouvais pas passer à côté d’une émission traitant du harcèlement sexuel dans les hautes sphères du pouvoir… Verdict ? J’aurais adoré participer à la réalisation du sujet ! Ne serait-ce que pour chercher des réponses aux questions qui me sont venues en tête pendant que je le regardais (là encore, merci la télé numérique qui permet de mettre pause toutes les 5 minutes !).

J’étais particulièrement sceptique sur le passage tourné à l’Institut de Réhabilitation Sexuelle de Los Angeles. Après l’intervention du psychothérapeute de l’établissement, qui nous apprend que les campagnes politiques sont des périodes extrêmement stressantes, durant lesquelles, la fatigue aidant, les inhibitions ont tendance à tomber, le journaliste Régis De Rath résume les propos du psy d’une façon assez intéressante :

« La fatigue, la pression, le stress conduisent souvent à une consommation intense, et parfois frénétique de sexualité. »

Pourquoi pas ? On peut admettre l’hypothèse. Sauf que généralement, chez Mr Tout le Monde, c’est plutôt le contraire. La plupart du temps ces facteurs sont responsables de troubles sexuels tels que libido en baisse, perte d’appétit sexuel, troubles de l’érection…
En tous cas chez le citoyen masculin lambda…Les hommes politiques/de pouvoir échapperaient-ils à cette règle ? Et même la démentiraient-ils ? Seraient-ils l’exception qui confirme la règle ?

Qu’y a-t-il dans l’ADN des hommes de pouvoir qui les rendrait imperméables aux troubles causés par ces facteurs ? Et qui irait même jusqu’à inverser la tendance, les transformant en supers carnivores du sexe plutôt qu’en déserteurs des parties de jambes en l’air ? Chercheraient-ils une manière de se prouver que leur pouvoir est bien mérité ? Genre : « Oui c’est normal que je sois puissant, regardez-moi je suis un mâle, un vrai ! Je bascule allègrement toutes les minettes que je vois passer et aucune ne me résiste ! Et celles qui le font c’est juste un jeu pour attiser mes instincts de chasseur, parce qu’elles savent qu’un vrai mâle comme moi aime chasser sa proie. Elles veulent juste m’amuser ! » Ou alors c’est une façon de se prouver que leur pouvoir est bien réel : « Si j’ai toutes les femmes que je veux, c’est que je suis bel et bien puissant » ?

Le sexe et le pouvoir semblent être liés pour eux. Ces hommes ont l’air d’imaginer qu’un mec aussi puissant ne peut pas être une mauviette au lit. Et inversement. Un type qui n’assure pas au pieu ou qui n’y fait pas preuve de virilité ne peut pas être un homme puisant dans son métier. Il n’a ni le charisme, ni la testostérone nécessaires voyons ! Moi Tarzan toi Jane…



L’autre passage qui m’a interpellé est celui sur Doris Van Belle, ancienne employée à la commune de Modave. Elle déclare avoir été la proie d’attitudes déplacées de la part du bourgmestre. Bien que condamné à 4 mois de prison avec sursis pour harcèlement moral et sexuel, Jules Lambrette est toujours en fonction, alors que la jeune femme a préféré quitter la région. Sans emploi, huée, insultée, houspillée, la pression exercée sur elle était trop grande. De fait, lorsque le journaliste interroge les habitants de la commune au café du coin, les commentaires en disent long. La jeune femme aurait essayé de ‘‘tirer sur l’élastique’’ afin d’obtenir peut-être des gains financiers, le bourgmestre serait incapable de tels actes…M. Lambrette lui-même affirme que s’il avait vraiment tenté quoi que ce soit, Mlle Van Belle aurait pu se défendre puisqu’elle fait de la boxe française.

J’ai été scandalisée de voir qu’encore de nos jours et SURTOUT lorsqu’il s’agit d’un homme puissant, on puisse encore blâmer la victime (même présumée) et lui reprocher d’avoir inventé les faits. Ou pire d’être l’instrument, voire la complice, d’un complot. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas aussi dire qu’elle l’a bien cherché, qu’elle n’a que ce qu’elle mérite, ou encore qu’elle n’avait qu’à pas provoquer son agresseur ?!
On en est donc toujours à cette stupide et révoltante pratique : c’est la victime de l’abus qui doit prouver qu’elle a réellement été harcelée ou abusée, et non pas le coupable qui doit prouver son innocence…Décidément la justice belge est vraiment de plus en plus pourrie !

Malgré tout, le reportage était fort intéressant. Cependant quelque chose manquait pour qu’il soit vraiment complet. Et là c’est la féministe qui parle. Le féminisme ne consiste pas seulement à lutter contre les dérives sexistes et machistes des hommes, il s’agit aussi de réclamer l’égalité des sexes. Mais pour ne pas être hypocrite, il faut accepter les conditions et inconvénients qui l’accompagnent. Aussi je pose la question : Et les femmes de pouvoir ? Pourquoi ne pas en avoir parlé ? Serions-nous naïfs au point de penser que seuls les hommes puissants pratiquent le harcèlement ou la promotion canapé ? J’ai du mal à le croire. On entend parfois dire que les hommes sont par nature plus carnassiers, sexuellement parlant, que les femmes (question de reproduction, maintien de l’espèce etc etc.). Mais il y a des femmes qui ont un appétit sexuel aussi exacerbé que celui des hommes, si pas plus ! Si on part du principe que le pouvoir pourrait être à l’origine des dérives des hommes puissants, il n’y a aucune raison pour que ce même pouvoir ne monte pas à la tête des femmes…D’ailleurs le titre du reportage était « Sexe et pouvoir : un cocktail explosif ? » et non pas « Sexe et hommes de pouvoir : un cocktail explosif ? » Ne pas aborder la question des femmes ‘prédatrices’ constitue également en soi une discrimination à l’égard du sexe féminin. Bien qu’il eut été sans doute plus difficile de trouver des hommes victimes de harcèlement de la part d’une femme prêts à témoigner. Question d’orgueil masculin et de virilité…

Pour terminer, un triste constat m’est venu à l’esprit. Les femmes, certaines d’entre nous du moins, sont également responsables des agissements de ces hommes puissants. Aïe, franchement ça fait mal de le dire ! Mais soyons réalistes…Ces pratiques, et l’incompréhension de ces hommes face à un refus (« Pourquoi ? Comment peux-tu refuser ? ») ne s’arrêteront pas tant que des femmes continueront à tomber dans leurs bras, sous prétexte qu’ils sont puissants, riches ou qu’ils ont le bras long.
Tant que des femmes accepteront et continueront à se brader, et même se prostituer (parce que c’est clairement de ça qu’il s’agit) pour leur carrière, leur confort matériel, ou leur médiatisation, que ce soit volontaire ou non, de telles dérives se produiront encore. Les femmes qui acceptent, recherchent, ou encouragent les faveurs de ces prédateurs sexuels sont aussi coupables qu’eux, de par l’image erronée qu’elles donnent des femmes en général. Forcément, si certaines se livrent ainsi aux appétits d’hommes puissants en échange d’une quelconque rétribution (peu importe la forme qu’elle peut prendre) ces derniers risquent de penser qu’ils peuvent se permettre d’essayer avec toutes les femmes qu’ils croisent. S’ils ont pu en avoir une, pourquoi pas les autres ? Pourquoi d’autres refuseraient si et puisqu’elles peuvent également en retirer quelque chose ? Le danger est bien là, dans l’association générale et présumée, envers les femmes, qui pourrait être faite de ces comportements.

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