jeudi 1 septembre 2011

Coiff'elles

Salon social ?

Le vendredi 24 juin, l'asbl Mouvements de Femmes a diffusé au cours d'une soirée de rencontres le documentaire « Salon social », réalisé par Paul Catron, élève à l'Institut des Arts de Diffusion. Cet étudiant en réalisation est arrivé à l’association au mois de novembre 2010 avec le projet de tourner un reportage sur la vie de Coiff'elles, le salon de coiffure pour femmes démunies. Juste pour un travail scolaire...

« A la base, j'ai choisi le salon de coiffure parce que je me disais qu'il pouvait se passer quelque chose, dit-il. Il y a là un vrai travail qui se fait, un rapport entre le verbal et le corporel, c'est la rencontre de la parole et du visuel. Mais je n'avais pas pensé qu'on puisse aborder la coiffure d'une façon ''thérapeutique'', même si l'apparence est importante pour l'image des gens dans la société. Et là j'ai été plongé dans des récits de vie auxquels je ne m'attendais pas. »

En fait de travail scolaire le jeune homme s'est vu confronté à son propre vécu. Lors d'une entrevue avec N. il se retrouve face à une souffrance qu'il a déjà côtoyée auparavant. N. se bat contre le cancer, comme la mère de Paul l’a fait des années plus tôt. Un partage d'expérience qui conditionnera le choix des personnages qu'il décide de retenir dans son film.

« Il y a eu une rencontre humaine très forte, une véritable émotion. »

Cette émotion il la livre fidèlement dans son documentaire, aidé par Pina, responsable du salon, avec qui un rapport privilégié s'est installé. Comme il dit si bien: « Nous sommes les deux réalisateurs du film. »

Cette réalisation de quoi parle-t-elle au fond? De Coiff'elles tout simplement. Dans tout ce que ça peut représenter comme intensité...Fragments de vie, moments privilégiés où la rencontre de soi passe par la rencontre de l'autre. Pina, par sa générosité, sa présence, son talent et ses conseils permet à chacune de se sentir à nouveau Femme. Femme pour elle-même, pour son image; et non plus épouse, mère, demandeuse d'emploi ou démunie...Juste Femme. Se réapproprier son image, sa féminité, sa beauté. Retrouver confiance en soi, se reprendre en main. Petit à petit, au travers des soins et des échanges, réapprendre sa propre valeur. Chacune en éprouve le besoin, à un moment ou un autre. Le salon est là pour les y aider.

Mais Coiff'elles, c'est plus qu'un service de coiffure. C'est un endroit particulier, clos, un cocon dans lequel chacune peut parler d'elle, de sa vie, de ses souffrances, ses coups durs; mais aussi ses joies, ses progrès, ses réussites. Un espace de parole, un lieu de confidences et d'échanges. Un sanctuaire de la beauté, par les Femmes, pour les Femmes, où chacune peut venir s'exprimer librement, sans préjugés et dans le respect de toutes. Un endroit où puiser du réconfort et de la chaleur humaine. De secrets de beauté en secrets de vie, la frontière est mince et facilement franchissable...


Ce joyau de la vie féminine Paul Catron a su le dévoiler de façon magnifique. Tout en discrétion, presque en pudeur, avec respect et tact, il montre, à travers son documentaire, toute l'émotion que peut recéler un ''simple'' passage chez le coiffeur (en l'occurrence chez LA coiffeuse). Trois femmes, trois portraits, trois récits...Clichés instantanés d'un moment où ces femmes se retrouvent elles-mêmes grâce à leur tête-à-tête avec Pina. Pina si généreuse, si spontanée, si farouchement déterminée à leur offrir ce moment de détente et de bien-être quoi qu'il arrive (la voir harceler des ouvriers de la voirie, armée de ses casseroles pour obtenir de l'eau restera un moment d'anthologie pour l'association!) Ce lien si particulier qui se créé entre elle et ses clientes le réalisateur a su le capter et le rendre fidèlement sans y imposer sa marque. En s'effaçant de la scène, en positionnant la caméra de façon à ce qu'elle devienne presque invisible pour les personnes présentes, Paul a su capturer l'instant privilégié où ces femmes se montrent telles qu'elles sont. La réalité brute, la beauté prise '' à vif '' et magnifiquement restituée. Le jeune étudiant a su dévoiler ce moment dans le respect de l'intimité et de la personne telle qu'elle est, pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Cette réussite, les protagonistes du documentaire ont pu la constater lors de la soirée spéciale du 24 juin. Une rencontre précédée d'un barbecue et suivie de la projection du film, véritable plongée au cœur même de la vie et de l'esprit de l'association. Avec en prime l'occasion de démontrer, grâce à cette œuvre, que l’asbl a encore de beaux jours devant elle, de par ses activités et son utilité. N’en déplaise à ses détracteurs. Car sans elle, vers qui se tourneraient toutes ces femmes?

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