jeudi 1 septembre 2011

Les jeunes et l'amour...

On parle souvent des problèmes des jeunes: l'alcool, le cannabis, l'emploi, les drogues, le décrochage scolaire etc. Pourquoi ne parle-t-on jamais des jeunes et de
l'amour?

Dans une société qui tend à renforcer l'individualisme (et ce paradoxalement aux nombres d'actions et mouvements sociaux qui ont cours actuellement) et la recherche effrénée du plaisir immédiat comment les jeunes se positionnent-ils face aux relations affectives? Quelles sont leurs aspirations? Sont-elles les mêmes selon les âges et les sexes? Comment envisagent-ils l'avenir? Sont-ils pour le mariage ou pas? Croient-ils encore en l'amour? Ont-ils toujours des illusions?

La liste pourrait encore s'allonger mais arrêtons-nous là. Le plus fondamental serait de savoir quelles sont les différences entre aimer avant et maintenant. Aujourd'hui aimer semble plus difficile qu'il y a 50 ans. Il semblerait que du temps de nos grands-parents les questions étaient moins nombreuse et complexes (on se « prenait moins la tête » en langage jeune). Avant lorsqu'on se mariait on savait que c'était pour la vie et ce principe n'était même pas remis en cause. Et cela n'a rien à avoir avec le fait que le divorce était moins habituel en ce temps-là. Aujourd'hui quand on a des doutes quant au fait de se marier on se dit souvent: « Tant pis de toute façon si ça marche pas je peux toujours divorcer! » Avant même d'être passé à la maison communale!!! Pourtant les jeunes à l'époque de nos grands-parents n'avaient aucunes garanties supplémentaires que cela allait fonctionner entre eux. Pas plus que ceux qui se marient maintenant en tous cas.

Alors qu'est-ce qui a changé de nos jours? Du temps de nos parents le divorce commençait déjà à entrer dans les mœurs. Est-ce cela qui a joué sur les relations amoureuses des jeunes d'aujourd'hui? Ceux qui ont du mal reproduisent-ils le schéma de leurs parents divorcés? Cela n'a aucun sens puisque nos parents ont eu le modèle de leurs propres parents qui restaient ensembles envers et contre tout. Donc en toute logique ils auraient dû faire pareil et les jeunes d'aujourd'hui aussi. Il faut donc chercher plus loin.

En discutant avec une amie, j'ai pu sentir à quel point l'amour était important pour elle, même si elle n'en avait pas conscience. Grosso modo voici ce qu'il est ressorti de notre discussion. Elle m'expliquait qu'elle ne croit plus en l'amour, qu'elle a perdu ses illusions. « Quand on est petits, disait-elle, on est bercés par les belles histoires d'amour dans les dessins animés. La Belle au bois dormant, Cendrillon, La Belle et la Bête et tous les autres. Ils nous font croire au grand amour, au prince charmant, à l'amour éternel. Et nous on y croit à fond et on grandit en étant malgré nous bercées par cela. Et une fois à l'adolescence, même si on peut devenir cyniques et dire que tout ça c'est des bêtises, au fond de nous on y croit encore, tout simplement parce que sans ça la vie nous paraîtrait trop fade. On a besoin d'y croire, de garder ces illusions, aussi stupides soit-elles. Ça nous permet de continuer à rêver et rêver nous permet de continuer à avancer. Mais le problème c'est que lorsqu'on grandit on traverse des épreuves, des déceptions et petit à petit notre espoir disparaît. À 20 ans on a parfois déjà 4 ou 5 relations derrière nous et on finit par se dire que tous les contes de fées qu'on a lu, vu ou entendu ne sont que des bêtises pour enfants et que jamais on ne rencontrera le grand amour.
Et pourtant malgré tout on garde toujours au fond de nous-mêmes un espoir, aussi minuscule soit-il, qu'un jour on le trouvera. Mais maintenant moi je ne veux plus y croire. J'ai eu trop mal, j'ai déjà trop souffert alors que je n'ai que 22 ans. Et d'un autre côté je n'y arrive pas. Ça me désole d'être aussi amère et désenchantée à mon âge. »

Sommes-nous devenus trop exigeants envers nous-mêmes et envers les autres?

L'amour aujourd'hui semble plus complexe qu'hier... Non pas qu'aimer soit plus difficile, mais tout ce qu'il y a autour a radicalement changé durant le siècle dernier. Pour commencer, les femmes se sont émancipées, elles ont obtenu le droit de vote, la pilule contraceptive, une (relative) égalité des sexes...Tout cela leur a permis de voir qu'elles avaient aussi la possibilité d'émettre des opinions haut et fort et d'avoir des attentes. En particulier dans le domaine affectif, les femmes ont appris à avoir des exigences et à réclamer certaines choses. Elles ne se contentent plus de subir une union ou un mari. Non pas que lorsque c'était le cas toutes les femmes étaient forcément malheureuses. De plus pour elles le mode de fonctionnement de l'époque était normal, elles ne le remettaient donc pas forcément en question contrairement aux jeunes filles d'aujourd'hui.

Mais le revers de la médaille c'est que lorsqu'on a des attentes, on est souvent déçus. Et c'est là le hic. Cela vaut pour les hommes aussi. Ces derniers ont vu les femmes sortir de leur condition ''inférieure'', militer, obtenir de plus en plus de droits et d'opportunités. Donc fatalement au fil du temps, le point de vue des hommes a subi des modifications également. Ils veulent toujours d'une épouse aimante et dévouée, qui soit à la fois une confidente, une compagne et un soutien… Mais ils savent qu'elle peut désormais prendre le rôle d'appui lorsqu'eux-mêmes se sentent fléchir. Ils savent aussi qu'ils ne peuvent plus se contenter de ramener de l'argent à la maison en mettant les pieds sous la table pour le dîner. Ils savent que maintenant le sexe dit faible a également des attentes et des exigences, et qu’ils vont devoir les combler, autrement qu’en ramenant à leur épouse un nouveau mixer ! Grâce à la modification du rôle et du statut de la femme, celui de l'homme a changé également par la force des choses. Il a dû s'adapter et apprendre une nouvelle manière de fonctionner...

Mais la question demeure...Sommes-nous plus heureux en amour aujourd'hui qu'hier? Hier où les rôles étaient clairement définis (ce qui n'est plus le cas aujourd'hui), où chacun savait quel était son statut et quelles étaient les responsabilités qui y étaient attachées, où chacun connaissait les attentes et exigences de l'autre...Les choses, même si elles n'étaient pas meilleures, semblaient moins difficiles. Alors que s'est-il passé?

Notre génération a-t-elle trop baigné dans les contes de fée de Walt Disney? Est-ce la raison pour laquelle nous trouvons si difficilement l'amour? Nous rêvons-nous toutes plus ou moins consciemment princesse en détresse, secourue par un beau prince charmant sur son fidèle cheval blanc? Je crois qu'un jour ou l'autre nous y avons toutes cru, tout simplement parce que c'est un beau rêve, romantique et pleins de promesses quant à un avenir merveilleux et rempli d'amour.

Nous avons tous besoin d'amour, et chacune de nos cellules y aspire et tend vers cet idéal. L'amour est la force positive qui fait tourner le monde. Malheureusement il y a d'autres puissances bien plus négatives à l'œuvre sur cette terre. Mais peu importe. Depuis la nuit des temps le besoin de rencontre, de contact avec l'autre a poussé l'homme à se chercher un compagnon. Nous sommes faits de cela, c'est notre nature profonde. Comme disait Aristote: "L'homme est un animal social". C'est comme ça, nous n'y pouvons rien. Nous sommes en perpétuelle recherche de l'autre, de sa reconnaissance, de son approbation et de son soutien. Sans cet autre, qui peut aussi être simplement un parent ou un ami, nous nous sentons vides de sens, épuisés par nos fardeaux, sans attaches et sans point de chute. Il ne nous reste qu'une existence misérable, sans lumière, sans saveur, sans possibilité de partage et sans repères...La solitude est le pire des maux que l'homme puisse connaitre. C'est bien pour ça que cette recherche d'échange nous pousse à avancer toujours plus loin, jusqu'à ce qu'on l'ait trouvé.

Preuve, si tant est qu'il en faille, que la solitude est une chose insupportable, la solidarité est une des valeurs dont on entend le plus souvent parler. Elle est l'antithèse de la solitude. Même dans les pires situations, où le chacun pour soit serait le plus logique, elle reste malgré tout présente. Je pense notamment à ces gens totalement démunis, qui ne possèdent rien, mais qui partagent le peu qu'ils ont avec ceux qui ont encore moins qu'eux...Nous avons besoin de partager, d'échanger, de donner et de recevoir...C'est comme ça que nous fonctionnons, et rien ne changera jamais cette vérité. Nous avons besoin les uns des autres, c'est le meilleur moyen de fonctionner et de s'en sortir que nous puissions trouver. Essayer de toujours tout faire tout seul, chacun dans son coin ne pourrait mener qu'à l'échec de nos actions, voire de notre vie.

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