vendredi 2 septembre 2011

Le mariage, avant et maintenant...

Le mariage est généralement reconnu comme une institution sacrée. Considéré autant comme obsolète que toujours d’actualité (à en juger par les variations dans les taux de mariages au fil des ans), chacun en a une vision bien personnelle. Conte de fée pour les uns, corvée pour les autres, accomplissement personnel ou mise en cage, les perceptions évoluent en fonction des valeurs et principes de chacun. Mais un constat semble s’imposer : la vision du mariage a changé. Aujourd’hui on dirait qu’il est plutôt perçu comme une fin alors qu’avant l’union de deux êtres semblait représenter un début…Que s’est-il passé ? Comparons.

Avant, le mariage était le but de toutes les jeunes filles, ou presque. Trouver un bon parti, un compagnon idéal qui saurait combler nos besoins, qui serait un appui, un soutien, qui nous apporterait bonheur et sécurité, en plus des enfants… Le mariage était perçu comme un début, presque le début de la vie adulte réelle. Avec son lot de responsabilités et de contraintes qui nous obligent à mûrir, à dépasser le stade du frisson amoureux, pour se lancer dans une existence respectable et dévouée à notre conjoint, nos enfants, notre famille. Le début de la construction de notre avenir…

Aujourd’hui, même si la nature du mariage reste généralement la même, le contenu est différent. Certains par exemple choisissent de ne pas avoir d’enfant, ce qui semblait plus rare à l’époque. La vie de famille n’est plus au centre de l’union et devenir parents n’est plus forcément une priorité

Avant le cheminement classique était plutôt : on se rencontre, on tombe amoureux, très vite on se marie et en partant de là on fait en sorte que ça marche et que ça dure…

Aujourd’hui on est passé à : on se rencontre, on tombe amoureux, on se jauge dans la relation pour voir si l’autre ferait un partenaire de vie acceptable, on s’installe ensemble pour vérifier si on est compatibles au quotidien et dans la durée. Ensuite seulement, au bout d’un long moment, quelques années même, on décide de se marier ou d’avoir des enfants. Une fois qu’on est à peu près sûr que ça pourrait tenir.

Il semblerait que nous fassions (ou percevions) désormais les choses à l’envers. Plus personne ou presque ne se marie quelques mois après avoir commencé à se fréquenter… C’est comme si le mariage était devenu l’aboutissement de la relation de couple, et non plus son début comme auparavant. Qu’est-ce qui a pu provoquer une telle modification dans la perception qu’on en a ?

Plus important encore, où est passé l’élan de confiance de nos grands-parents ? Ce désir et cette certitude de rester ensemble quoi qu’il arrive? En quoi le risque qu’ils prenaient après quelques temps était-il différent de celui que nous prenons après cinq ans de vie commune? Le mariage n’est pas une garantie à vie, même si on a partagé dix ans de relation avant de franchir le cap…

Et puis, quelle vision désabusée aussi…Ne plus être capable de dire ‘‘Oui’’ avec le même élan de foi, d’amour, de confiance, de spontanéité ! Qu’en est-il du grand saut, en se disant qu’on verra bien ce qu’il advient ? En n’ayant même pas à l’esprit la possibilité que ca puisse mal se passer ?

Aujourd’hui on vérifie, on calcule, on planifie, on veut tout contrôler pour être sûr que ça marchera et qu’on ne va pas droit dans le mur. Mais on ne peut pas tout planifier ni contrôler. Et se marier après dix ans de relation ne veut pas dire que quelques temps plus tard tout ne risque pas de voler en éclats.

Alors ? Où est passée cette confiance, cette fougue ? Pourquoi tergiverser ? Pourquoi ne pas se jeter à l’eau comme le faisaient nos grands-parents ? Eux ils se mariaient pour le meilleur et pour le pire. Sans se dire que les sentiments pourraient disparaître ou que la vie se chargerait tellement de leur mettre des bâtons dans les roues qu’ils finiraient par se séparer…

Aujourd’hui on entend parfois des gens dire (même âpres 10 ans de relation) : « Oui je l’aime mais ce n’est pas l’homme/la femme de ma vie, je ne me vois pas finir mes jours avec lui/elle ». Il y a 70 ans, les gens ne le voyaient pas non plus. Et mieux encore, ils ne pensaient même pas si loin. Ils s’aimaient, ils avaient envie de construire quelque chose ensemble, ils y croyaient. Point. On se lance et on verra si et comment on y arrive. C’est tout. Pas de : « Qui me dit que dans 10 ans je l’aimerai encore, qu’on sera encore heureux, ou même compatibles ? On peut évoluer de façon différente et avoir tellement changé qu’on se retrouvera dans des directions opposées.» Tout ça n’avait pas cours avant. Alors pourquoi on se prend tellement la tête aujourd’hui ? Qu’est-ce qui s’est passé entre-temps ?

Et pourquoi est-ce qu’avant la plupart des couple restait ensemble envers et contre tout et qu’aujourd’hui on est plus capable de faire ça ? A la moindre contrariété, la moindre chose qui ne va pas, c’est toute la relation qu’on remet en question…Est-ce le fait qu’auparavant c’était l’homme qui décidait et que la femme remettait moins en question les choix et décisions de son époux ? Rien ne prouve que ça se passait comme ça dans tous les couples.

Peut-être qu’avant les couples discutaient plus ? Peu probable, on entend tellement parler de l’importance de la communication au sein du couple que tout le monde (ou presque) aujourd’hui sait qu’il faut parler pour avancer. Peut-être est-ce la façon dont les couples discutent qui pose problème…Peut-être qu’avant chacun gardait à l’esprit l’importance de la relation, des enfants et de la famille avant de penser à soi ou à son intérêt personnel.

Aujourd’hui on pense d’abord à soi, à ce qu’on voudrait pour soi, à ce qu’on pense qui serait le mieux pour le couple…Ensuite seulement on pense à l’autre…Peut-être qu’à force de toujours chercher l’épanouissement personnel, on finit par se concentrer trop (voire uniquement) sur notre nombril, et qu’on ne prend plus la peine de regarder l’autre, de le prendre lui et ses besoins en considération. Ce qui ne nous empêche pas d’attendre de cet autre qu’il nous prenne nous en considération…

Peut-être qu’avant les discussions au sein des couples tendaient toutes vers le même but : « Comment faire pour s’en sortir, et pour que ça dure ? » En d’autres termes, que faire pour rester ensemble malgré tout ?

Aujourd’hui ça semble plutôt être : « Comment faire pour que je sois heureux ? Pour avoir ce qui me rendrait moi heureux ? En espérant que ce soit pareil pour l’autre, sinon c’est qu’on n’est pas faits pour être ensemble ! »

Peut-être qu’avant dans les discussions chacun pensait « nous », alors qu’aujourd’hui tout le monde pense « je ». Ce qui est assez paradoxal, puisque de nos jours l’une des plaintes qui revient le plus au sujet de la vie de couple c’est que chacun a perdu son individualité : « Je ne pense plus qu’en « nous », plus en « je », je ne sais plus qui je suis, je me suis perdu dans cette relation, je ne suis plus un individu à part entière mais un membre du couple sans aucune aspiration personnelle. » Celle-là les psy l’entendent souvent, et nous mettent régulièrement en garde contre ce piège du couple.

Alors voilà, individuellement on pense « je » mais dans les échanges avec le partenaire on ne s’accorde pas le droit de penser autrement que « nous ». Pas étonnant qu’on arrive plus à faire marcher nos relations dans la durée, il y a de quoi devenir schizo avec un tel état d’esprit ! Le point essentiel est celui-là je pense, on ne parvient plus à accommoder nos envies personnelles, notre individualité avec notre vie de couple…On a l’air persuadé que l’un n’est pas compatible avec l’autre. Que pour se focaliser sur notre couple on doit sacrifier nos envies personnelles, surtout si elles ont cours en dehors de la relation. Parce que de toute façon on ne pourra pas les réaliser tant qu’on sera en couple. Cruel dilemme…Certains préfèrent se concentrer sur le couple, en se disant que leurs envies propres leur passeront et/ou qu’ils en découvriront de nouvelles à travers le couple. Qui seront elles compatibles avec leur relation.

Mais bien souvent ce n’est pas le cas, et au bout d’un certain temps, ces personnes finissent par ne plus se reconnaître elles-mêmes à force d’avoir tant sacrifié en cours de route (sans parler des partenaires qui exigent que l’autre sacrifie tout au profit de la relation). Ces gens se mettent à avoir l’impression d’étouffer, d’avoir besoin d’air. Et ont tout à coup un énorme besoin de liberté, de voir d’autres gens, de faire d’autres choses… Ce qui peut ne pas être compris par leur conjoint qui se demande ce qui leur arrive tout d’un coup, pourquoi vouloir un tel changement alors que jusqu’à présent tout allait bien et que l’autre était (ou semblait) satisfait de ce qu’il avait. Quelle mouche l’a piqué ? Aucune…Il a juste réalisé qu’il pouvait exister aussi en dehors de la relation.

A partir du moment où les deux individus qui forment le couple arrivent à accorder les « je » individuels avec le « nous » commun les vraies discussions peuvent commencer. Il est alors possible d’apprendre à vraiment communiquer avec l’autre, et à s’aimer pour ce qu’on est chacun réellement. A ce moment-là il devient sûrement plus facile de construire quelque chose dans la durée. Il y a d’autres facteurs bien sûr mais celui-là semble primordial, surtout quand on voit le nombre de ruptures dues à ce manque d’individualité ressenti dans la relation de couple…

Mais quand même…Comment faisaient nos grands-parents ???

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